Hispaman (26 septembre)
Le retour au triathlon 6 ans depuis mon dernier triathlon longue distance.
Une courte pause de plusieurs années où j'ai découvert et investi beaucoup plus de temps dans les courses de montagne et dans la vie de parent surtout ! LOL.
Après avoir lu un article sur Internet, je m'inscris àl'Hispaman Xtreme Triathlon. Il a l'air spectaculaire et a un format qui me plaît par sa difficulté et son dénivelé à vélo et à pied. Et son côté solitaire ! Prévu en 2020 en principe. Finalement en 2021! Merci Covid.
Jour J
Réveil à 5h pour le petit déjeuner. Perine, mon père et moi prenons le petit déjeuner à l'hôtel qui accepte de préparer le petit déjeuner très tôt pour l'épreuve.
Mes parents ont profités du fait qu'ils n'habitent pas très loin et j'en suis ravi. Papa viendra me voir pendant la natation puis il s'occupera de Marceau pendant la journée avec maman. Pendant que nous nous promenons toute la journée!
La partie natation est incroyable, nous partons à 7h du matin et il fait encore nuit. Nous sommes peu de participants et je me retrouve tout de suite à nager parmi les premiers. Au cours de la semaine, la mer a été très agitée et bien qu'elle se soit beaucoup calmée au cours de la dernière nuit, il y a du courant. Jusqu'à la première bouée tout va bien car elle est illuminée. Mais à partir de là, il est extrêmement difficile de s'y retrouver. Je ne vois pas les bouées et je n'ai qu'un seul compagnon de voyage à 50 mètres. J'ai du mal à nager sereinement. J'essaie de regarder beaucoup en avant pour ne pas perdre trop de temps et je ralentis légèrement. On fait le tour du château de Peniscola et le paysage est magnifique. J'atteins enfin les dernières bouées. Je vois l'arche d'arrivée et je sais enfin où je vais ! Je suis content de finir et j'ai envie de monter sur le vélo. 1h10 pour près de 4000 M. Le premier classé a même sauté une bouée ! Périne m'aide dans la transition. En tant que supporter, vous avez le droit d'entrer et d'aider avec tout le changement. Un bisou, à plus tard à mon père et nous partons à la découverte du pays !
Le vélo est impressionnant, cap vers l'ouest, toujours à l'intérieur des terres et en légère montée. Constant. Des pentes raides, des cols superbes sans trop de difficulté, de beaux villages, des paysages fantastiques, de la solitude, c'est très excitant. Perine peut m'aider avec les ravitos. Je la croise souvent et elle s'occupe parfaitement de mon alimentation. Gourdes, barres, bananes... Et plein d'encouragements ! D'elle et de tous les supporters qui accompagnent les autres athlètes. Pierre, le français, Bart et Fred, les belges, Bernal et Leoncio, les espagnols... Nous échangeons nos positions dans la journée régulièrement. J'ai le sentiment d'être prudent. Et sans doute trop mais le manque de compétition et le respect de la course m'y obligent ! Nous arrivons à Culla, une petite ville où se trouve le T2. J'arrive un peu fatigué mais bien!
Périne m'aide avec le changement, je mange quelque chose, je vois des collègues très fatigués qui décident d'attendre plus et se poser avant de partir. Je fais une transition "rapide" par rapport aux autres. Je préfère commencer à marcher lentement et bouger mes jambes très douloureuses petit à petit ! L'organisation nous oblige à porter un sac à dos, une réserve d'eau, une lampe frontale et un coupe-vent ! Perine pourra m'aider plusieurs fois à différents moments et je vais me concentrer là-dessus. Manquant un peu de lucidité je me trompe et je fais fausse route. Un 4x4 vient me signaler l'erreur et je dois retourner en arrière . J'essaie de ne pas m'inquiéter. Mais j'ai perdu 15 minutes gratuitement ! Et à ce stade, cela peut être dangereux. Je respire... et j'avance ! Je suis heureux. J'adore ça et personne ne m'y oblige ! Alors vas-y Etienne ! A partir de ce moment, je commence à me sentir bien. Je progresse bien, marche en montée mais à un bon rythme et je me sens très lucide ! A chaque fois que je la rencontre c'est une étape de plus et je sors plus fort et plus serein du travail que nous faisons ensemble. En équipe! Je sais qu'elle doit courir les 17 derniers kilomètres avec moi. Ce sera de nuit mais cela paraît plus simple en terme de dénivelé, a priori, et nous serons ensemble. Je veux arriver entier pour avancer fort avec mon guide ! Plusieurs collègues ont décidé de me suivre dans la dernière ascension (d'environ 400m d+) vers Vistabella. La ville la plus haute de la province de Castellón. Etienne le tracteur qu'ils m'appellent.. Cela me fait sourire et me rassure. Avant d'arriver au T3, Perine est venue nous chercher. La Ferrari est prête ! On mange quelque chose et on part ensemble pour finir cette belle journée. Nous avons le droit de partir pour le grand circuit. T-shirt rouge en vue ! D'autres feront un circuit réduit et auront le maillot gris et d'autres devront malheureusement retenter leur chance car ils n'arrivent pas à l'heure.
Pépé est en charge d'adapter le rythme en fonction de ma condition et surtout elle est très attentive à ne pas se tromper dans le tracé. On s'en sort très bien, parfois on court même à plus de 10km/h ! Haha ! Mais il y a beaucoup de pierres et la visibilité parfois n'est pas très bonne. On dépasse plusieurs athlètes et ça donne des ailes ! Vers la fin, j'ai du mal à manger et j'ai envie de vomir. Mais c'est normal après presque 16h de balade. Et Perine ne veut pas me laisser dormir en montagne.
Je vois les lumières de Vistabella. Nous y sommes presque, nous allons y arriver ! Mais... Oh non ! on tourne à gauche et on repart pour faire le tour de la ville et remonter jusqu'à la partie ancienne où quelques bonnes rampes finales nous attendent. Je suis crevé. Mes jambes tremblent. Périne et moi faisons la dernière partie main dans la main. Applaudissements des voisins et enfin la ligne d'arrivée. Quelle joie! Je l'ai fait! Nous l'avons fait! Une aventure fantastique partagée c'est encore mieux !
