100km de Millau par JayJay

100km de Millau 2020

 

Tout a commencé un soir de distillation (si, si vous avez bien lu !) au fin fond de mon Gers dans le monde d’avant… nous en étions en 2019 quoi !

« Tiens, Jéjé, je te présente un autre Jérôme, vous allez pouvoir discuter : il a fait les 100kms de Millau ! »

Quelques verres plus tard et après m’avoir dit qu’ils les faisaient depuis 10 ans entre 14 et 16h sans prépa spécifique (en effet, il ne court quasiment pas. Pour preuve, il n’a même pas d’abonnement strava 😊) et qu’en 2020 ce serait la 50eme édition à ne pas louper ! Me voilà avec mon objectif pour l’année 2020…

Deux ans et une pandémie plus tard, nous voilà au départ d’une course sur route de 100 bornes !!!

La prépa, me semble-t-il, s’est bien déroulée même si elle a été rabotée d’une semaine à cause de mon premier covid (j’espère le dernier !) et qu’il a fallu jongler avec des mariage, baptême, cousinade et autres apéros plus au moins dinatoires !!!

Je suis super confiant (trop ?) et comme pour chaque course, impatient : il me tarde d’en découdre avec cette légende de la course à pied pour enfin, la 50eme édition.

Bon, la dernière nuit n’est pas terrible sous une tente qui prend l’eau au moment d’aller au dodo : pas grave, on s’en remettra !

Après, le caca réglementaire et sans encombre, le stress du matin de course et la procession dans les rues de Millau au son d’une banda locale, c’est le coup de feu : objectif 11h avec une moyenne sur les portions plates de 10km/h. Il y quand même 1200m de D+ et 4 belles côtes à partir du 47eme : 2.6km à 5%, 4km à 4.8%, 7.5km à 3.8% et 2.25 à 5.7%...

Avec Jérôme, nous n’avons pas pu nous retrouver mais je sais qu’il est là, pas loin…

Il fait frais (coupe-vent jaune obligatoire !) et contrairement à la nuit précédente et aux prévisions cataclysmiques de début de semaine, pas de pluie ! Un monde de fou au départ et les mamies à fond aux fenêtres !

500m et voilà mes 2 pitchounes avec un couple d’amis (je crois qu’on peut le dire !) et leurs 2 pitchouns : jusqu’ici tout va bien. Comme toujours, il faut trouver son rythme, chicaner avec des marcheurs (déjà !) et ne pas gêner les top gun en retard…

L’ambiance est détendue mais studieuse, le soleil montre le bout de son nez et on tombe les couches.

7kms, je récupère Sandy sur le vélo électrique de Jean-Luc (encore un grand merci !!!) avec à l’arrière, la cagette remplie de victuailles et boissons. Elle souffle un peu car avait peur de me louper au milieu de ces 1764 barjots presque tous accompagnés de leurs suiveurs : son casque jaune (!) m’a bien aidé à la retrouver !

La première boucle de 42km (le marathon de Nathalie…) est une boucle le long du Tarn avec de superbes paysages ensoleillés. C’est vallonné (42kms et 350 D+ environ), ça tchare, je bois, je mange, Sandy à le sourire et ce fait des amis à vélo !

Jusqu’au 30eme, les kilomètres s’enchainent, les paysages sont magnifiques, bref, avec Sandy, on est bien !

 Mais les cuisses se font dures et je ne comprends pas pourquoi !?! J’ai fait plus de distance pendant la prépa avec beaucoup plus de dénivelé… je garde tout ça pour moi, pensant que ça va passer. Les messages des taras commencent à pleuvoir sur ma montre : certains m’annoncent déjà à moins de 4kms de l’arrivée… 😊 !

42kms, changement de décor, on rentre dans Millau, la circulation n’est pas coupée dans le centre-ville et c’est compliqué de faire sa place dans les mini bouchons aveyronnais. Le marathon est bouclé dans les temps, changements de chaussures et t-shirt aux couleurs Taras : les cuisses sont toujours dures mais tout le reste est nickel ! Je repars avec la banane mais l’inquiétude gagne…

47 Kms, on attaque la première des 4 difficultés du jour. C’est là que course devait commencer pour moi et j’averti Sandy que la journée risque de ne pas se passer comme prévu, elle me remotive mais ça va être dur.

En haut de la côte, sous le viaduc, mes supporters du jour m’attendent :

Je leurs dis que j’ai deux bouts de bois à la place des cuisses, mon copain me dit que je suis dans les temps. Les pitchounes m’accompagnent un peu dans le début de la descente jusqu’à ce que la petite dise : « j’ai la pointe… faut pas que tu l’ai toi papa !!!»  Ça regonfle le moral et nous revoilà reparti à la bataille.

Sandy n’a pas mal aux fesses et ne trouve pas le temps long… ça aussi, ça fait du bien !

Dans ce putain de long faux plat montant de 7 bornes, nous croiserons le premier avec beaucoup d’avance, à une allure folle… ça fait 6h de courses pour tous les deux : il lui reste 12kms… moi, 45 !

On enchaine la deuxième côte et la longue descente vers St Affrique qui finit par achever mes cuisses. Il faut se rendre à l’évidence, l’objectif des 11h n’est plus qu’un lointain souvenir : ça fait mal à la tête !

Depuis quelques kilomètres, nous sommes plusieurs coureurs avec nos suiveurs, à nous croisés, nous regardés, nous encourager les uns les autres… que c’est bon ! L’un d’eux, me lancera une phrase que me répètera Sandy et qui va rester dans ma tête : la douleur, elle s’oublie… l’abandon, il ne s’oublie pas ! A partir de là, l’abandon n’est plus une option, il n’existe plus. Je n’ai jamais abandonné (on touche du bois…pas celui de mes cuisses !) et ça sera pas pour aujourd’hui ! En plus, faudrait ramener le vélo…

Au km 64, à St Affrique, c’est le demi-tour de la seconde boucle avec un gros ravito ou je décide de me faire masser par une jeune kiné qui me dit de ne pas trop m’attarder pour ne pas me refroidir : eh ! j’étais bien moi là !

 On réattaque avec la troisième et plus longue difficulté de la journée… c’est dur putain ! mais je sais bien que le plus compliqué sera la descente de 7 kms… je n’arrive plus à courir et les descentes se transforment en montées ! Chaque ravito, permet de poser mes deux poteaux qui me servent de cuisses…

On se demande ou en est mon compagnon de distillation quand, il surgit hors de la presque nuit (la presque nuit, c’est quand tu sais pas s’il faut allumer les phares !). On s’arrête, il en chie grave mais n'est pas inquiet : il va finir. « Je cours et je me fais doubler par des gens qui marchent mais je suis bien » qu’il dit ! Encore un bon remontage de moral. Il me reste une vingtaine de bornes, encore 35 ou 40 pour lui ! Faut préciser qu’il est revenu de 15 jours au Canada, 3 jours avant… un vrai jojo !

La nuit va bientôt tomber, on croise des galériens qui marchent et n’arriverons que le lendemain…

Je calcule l’heure d’arrivée : 20 bornes à 5-6 de moyenne, ça fait 2h… ça va ! 5mns plus tard : quel conno, j’avais oublié l’hypoténuse, ça fait 4h en fait… et un grand coup derrière le casque !

Bon, c’est le moment de sortir l’enceinte de la cagette et de mettre le son qui fait avancer : la fanfare de Rocky ! on n’a pas fait mieux pour motiver un bonhomme… l’œil du tigre, mec !!!!    

Les kilomètres ne défilent plus, il fait nuit, on sent l’odeur de la pizzeria de St Georges de Luzençon… chaque hectomètre devient un kilomètre, c’est dur !

Mais ma belle est toujours à côté de moi sur son vélo, toute pimpante ! La montre n’arrête pas de vibrer sous les messages tarahumaresques qui me motivent et me font marrer. La petite famille sera de nouveau en haut de la dernière grosse côte, sous le viaduc qui se fait languir : « Putain, il est ou ce putain viaduc ??? Ils ont pas eu le putain de temps de le démonter quand même !!! (Je crois avoir oublié un putain en route) »

C'est pas fini tant que la cloche n'a pas sonné !

Les « t’as pas mal ! j’ai pas mal ! » s’enchainent avec des « allez » et autres « fais-le ! ». Sandy doit penser que je perds la boule mais est toujours là et radieuse… ça va le faire !

Les messages des taras ne s’arrête plus (merde, le match du Stade !) et me filent la patate.

Enfin ce (je vous laisse le dire) de viaduc est là en haut de la côte et dans le noir, on entend des « allez » : oui, c’est bien eux, ils sont là, tous les 6, seuls, dans la nuit, dans le froid, à encourager tout les coureurs ! Et ils seront encore là à l’arrivée… que ça fait du bien putain ! On échange quelques mots mais il faut repartir à la guerre, plus que (encore !) 7 bornes…

Les cuisses brulent, la tête est à l’envers, les taras se perdent dans les calculs, ma suiveuse se transforme en pousseuse, on rentre dans Millau, il y a de la lumière (tiens, ils ont l’éclairage dans l’Aveyron… ça doit être récent !)

Je mettrais plus d’1h15 à faire ces putains de 7kms mais ça y est, à plus de 23h, après 13h12, la cloche sonne : avec Sandy, nous franchissons la ligne d’arrivée accompagnés des 4 pitchouns, sous les encouragements de nos copains…

Sandy est toujours et encore étincelante, Maylis a les yeux qui brillent et Valentine m’apporte rapidement une chaise !

Les taras peuvent enfin aller au dodo… y a vélo demain matin !

Je suis un 100 bornard et si je le suis, c’est pas tout seul : c’est avec le soutien de pas mal de monde !

Mais, j’en ai pas fini avec cette course : je veux ma revanche !

Jérôme, a mis un peu moins de 17h et sera surement au départ l’an prochain et l’année d’après…

Je ne sais pas si mon CR était agréable à lire mais j’ai pris un putain de pied à l’écrire…

JayJay

100km de Millau 2020 course

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