Triathlon LACANAU M par Benoît
Bonjour à toute la Team Tara
Et bien voilà, c’est mon tour de vous raconter cette aventure pour mon 1er triathlon M de Lacanau, mais aussi et surtout les à-côtés.
On va commencer par le commencement, installez-vous bien, ça pourrait être long...
Mon aventure chez les Taras commence en 2021 et avait pour but de réactiver mes muscles et mon mental post Covid, comme beaucoup. L’inauguration du 1er TMT en tant que coureur m’avait laissé une super impression de ce club et son état d’esprit (sans parler de la saucisse bière à l’arrivée).
Quelques tours de piste et de pédales plus tard, accompagnés de longueur de bassin à 7h15 du mat, mon corps se remet en mode sport et petit à petit je commence à ressembler à un triathlète, enfin surtout devant la glace parce que bon, une discipline à la fois c’est déjà assez fatiguant, alors les trois à la suite …
Très vite dans ce club, on se sent dans une famille, et après un an et demie on a envie d’y rentrer un peu plus (bien aidé par le président a la soirée partanire chez Mercedes, voiture de fonction ?) , et je me retrouve au Bureau à publier des CR de course sur le site Web des Taras et à participer à l’organisation (fly-case & câbles XLR) de cette machine de guerre qu'est le fameux TMT: ses 1000 coureurs et surtout 80 bénévoles qui font un travail de dingue : la force du Groupe.
Revenons au triathlon, au départ engagé pour faire le M à Carcassonne en course club l'année d'avant, mais mon dos de quadragénaire et de télétravailleur en a décidé autrement, un lumbago foudroyant m’a rendu incapable de sortir de mon lit en moins de 30 min, même en m'accorchant au mur, alors faire un triathlon …
Du coup entre deux lombalgies, nouvelle opportunité un plus timide : faire le triathlon de Toulouse en relais et je me lance sur la session de nage pour 1.5km. Sur le papier et dans le bassin de 25m, après avoir à peu près maîtrisé l’art de la culbute, on se dit : ça va je suis large, sauf que…
Sauf que la nage en eau libre et la piscine, bah c’est pas pareil. Je me lance en août dans le lac d’Annecy avec ma bouée d'alerte à malibu et une combi d’occasion ou je n’ai jamais réussi à rentrer dedans en fait …
C‘est confirmé, ça n’a rien à voir, j’ai l’impression de faire du sur place et ma montre me confirme que j’ai pas beaucoup avancé, et en plus vraiment pas droit… On n’a plus de repère, pas de ligne au fond ni de rebord pour faire des culbutes et s’accrocher pour reprendre son souffle. Bref, la confiance est au plus bas, et quand j’arrive à faire 300 m sans m’arrêter c’est un miracle, c’est pas gagné pour les 1500.
Le tri de Toulouse arrive, il me faut une combi ou je puisse mettre un peu plus que les deux jambes, direction Décathlon, ouf il en reste une à ma taille (vraiment c’est fois).
C’est parti pour les 1.5km de nat à Toulouse, mais problème, je ne sais pas qui a placé les bouées, mais elles sont vraiment trop loin, et en plus faut faire deux tours, faut vite prévenir l'organisation .
Deuxième effet kisscool, avec mes lunettes de natation de bassin transparentes et le soleil rasant, bah je vois pas du tout les bouées, on est mal chef, on est mal. Et c’est pas fini, le réchauffement climatique fait que le lac est à 25°, donc la combi toute neuve elle va rester dans le sac… on est vraiment mal…
On fait le beau sur la photo avec les vrais nageurs Taras et on se lance, ça bastonne dans l’eau, personne ne respecte son couloir ici, c’est le bordel. Au 2ème tour déjà y’a moins d’obstacles, enfin j’ai failli partir direct au parc à vélo après le 1er tour, heureusement les voix douces des Taras sont là pour m’apporter la lucidité qu’il me manque en hypoxie, bref ils m’ont gueulé dessus pour que je comprenne (et c’est filmé forcément). Je fais mon second tour, on visant d’un œil aiguisé (sous la buée des lunettes) ce qui ressemble à une bouée. Bref ça passe, je transmets le relais à Jean-Luc qui aura le temps de changer une roue pendant la course (on est large) et passer à son tour le relais à Fabrice qui lui aussi a crevé mais la veille, et a préféré chausser les baskets après s’être éreinté à essayer de réparer la valve de son tubeless jusqu’à 2h de mat, pas de pression soyons « agile ».
Presque rassuré j’envisage de faire ce même type de triathlon mais cette fois tout seul et à Lacanau avec 22 autres Taras : 10 sur le L et le reste avec moi sur le M. C’est bien le M, c’est ma taille en plus, je préfère porter prêt du corps (comme la 1ere combi …).
Pour la prépa je me fais des séances de vélo de 45Km avec D+ et 10km de CAP, ça passe. Puis on se fait une séance de natation en eau libre avec combi ajustée (après avoir retiré les étiquettes), et là c’est le drame, des crampes sévères aux mollets au bout de 500m, heureusement on peut s’arrêter s’étirer au bord, mais ça stress pour la course. Les sirènes Céline et Anne qui m’accompagnent, elles aussi stressent, elles découvrent la nage en eau libre et paniquent quand elles n’ont plus pied et perdent tous leurs moyens, cardio à fond, plus de souffle, retour forcé à la brasse et en nage indienne. J’avais déjà connu ça à Annecy, j’étais un peu plus préparé, et ça rappelle l’importance de la prépa.
Quand on doit faire un tri tout seul, et bien y’a les transitions à gérer, le matos et l’organisation, bref mon cerveau envisage tous les scénarios, beaucoup trop d’ailleurs. En allant racheter pour la 3ème fois un peu de matos à décathlon (j’ai bien dit trop), je fais la connaissance d’un vendeur triathlète accompli qui me donne plein de conseils dont la vaseline autour du cou et chevilles, je l’avais pas encore envisagée celle-là.
J’avais prévenu, mon CR est long … et le triathlon n’a toujours pas commencé, courage …
Comme pour partir en vacances faut faire sa valise, rien que pour le triathlon je remplis le Scénic familial de mes 300 scénarios de course, il reste une petite place pour ma femme quand même, c’est pas de ma faute la météo annonce de la pluie, orage et vent, la total…
Faut pas oublier le vélo, la combi, les lunettes, les chaussures, les gels, le petit dej de champion … merde ma femme… Mais non je l’ai pas oublié, et son soutien m’apportera beaucoup.
La soir de la veille du départ de la course, repas apéro avec ceux qui ont fait le L le matin. Attention on se fait pas avoir, pas de pizza ni de bière (juste une alors) et on cherche de nouveaux conseils (pour en éliminer ou en rajouter certains). Malin, avant d'y aller je mange des pâtes au poulet (pour alterner après une semaine de poulet aux pâtes) et j’arrive avec ma gourde d'eau pure.
NiCom me dit "viens on va parler stratégie de la course de demain" autour de curly, pizzas et bières, ça sent le piège à des km, je temporise et fais semblant de pas avoir entendu. Je finis par le rejoindre, tout ça pour qu’il me dise, « en fait je suis un bleu j’y connais rien », merci Nico ça m’aide.
Je rejoins notre Coach de vélo et triathlète accompli Baptiste. Je lui parle de tout ce que j’ai pris pour qu’il m’aide à choisir, il est mort de rire. Il me fait le coup de Mike Horn, "on garde rien, tu vides le sac "… Mais j’ai peur d’avoir froid en sortant de l’eau sur le vélo avec la trifonction de mouillé. Et sa réponse fut limpide : « si ta froid c’est parce que tu pédales pas assez fort ». Vu comme ça, ça se tient, en plus il a fait 24° la veille donc les prévisions météo sont encore une fois à côté de la plaque.
Retour dans le mobil-home, je refais du tri dans mes scénarios et tenues de course, il en reste encore rassurez-vous. Je sais pas comment mais j’arrive à passer une bonne nuit, lorsque soudain à 6h du matin je me fais réveiller par un déluge de pluie, et là mon cerveau réactive les 300 scénarios de tenu et les transitions, avec la grosse caisse en plastique pour stocker tout ça au sec à côté du vélo.
La pluie finit par s’arrêter et on aperçoit un peu de ciel bleu entre la pinède, ouf. Le rendez-vous est donné à 8h15 à l’entrée du camping pour un départ groupé en vélo. On est tous ponctuel et on voit vite que tout le monde n’a pas aussi bien dormi que moi.
Une fois équipé de la puce (qu’il faut pas perdre) et les 30 autocollants, je positionne mes (seulement) 3 scénarios de tenue au parc à vélo et on se retrouve sous le barnum Taras, le QG, pour rentrer dans sa combi, y’a des binômes de vaseline/banane qui se sont formé la veille sur le L, je préfère ne pas en parler mais ils se reconnaitront (sinon y’a des photos) …
On chauffe les muscles, on cherche à apercevoir les bouées qui sont toujours aussi loin du bord. On prie pour ne pas avoir de crampes au bout de 500m comme à l'entraînement la semaine précédente… Photo de groupe pour immortaliser l’avant course, les photos de fin de course auront sans doute besoin de Photoshop.
C’est parti pour la nat, dans le sas des plus de 39 ans ça passe pas trop mal c’est calme pas de combats de mon côté, et j’ai l’impression d’aller droit vers la bouée, on dépose le cerveau et on essaie de maintenir le rythme toujours sans aucun repère de vitesse mais le souffle est bon et en limitant les battements les mollets ne sifflent pas (pas de jaccuzi derrière moi cette fois, pas comme à la piscine). Ça passe plutôt bien, et le passage sous l’arche rose se fait avec le smile : photo obligé, on pose.
Je retrouve l’emplacement de mon vélo (que j’avais heurueusement préalablement repéré) et mon bordel, les encouragements de ma femme et les Taras me boost, malgré ma sensation de vitesse j’y suis en fait allé en marchant avec le champ de vision réduit, comme à 200 km/h en moto…
J’enlève la combi avec « délicatesse », j’enfourche le vélo, le casque, les lunettes et reste en trifonction, je me réchaufferai en pédalant plus fort, c’est le coach qui l’a dit. Et c’est parti pour 46 km de plat et des longues lignes droites avec du vent de face sinon c’est pas drôle, cerveau de nouveau déposé (enfin s'il avait été remis depuis).
Sur le vélo, je regarde le compteur et me base sur la cadence, en dessous de 80 on descend d’une vitesse pour en garder dans les jambes. Avant je faisais l’inverse et la « batistoutaise » m’a appris que la cadence c’etait important pour s’économiser. J’ai l’impression de rouler pas trop mal et maintiens les 30Km/h de moyenne, je me fais doubler par des athlètes avec des vélos du futurs (ça veut dire que j’ai nagé plus vite qu’eux cool), des gabarits deux fois comme moi, des femmes avec des cuisses énormes, bref, y’a pas de règle en triathlon : c’est ouvert à tous et toutes et ça c’est cool. Mon voisin de camping faisait 40kg de plus que moi et l'a fini en 30 min de plus (et 3 avc sans doute).
Comme j’avais pas fait beaucoup de sorties vélo le dimanche matin avec l'élite Taras, je mets mon égo de côté, on va jouer la prudence et pas s’emballer, c’est long 46km surtout avec des lignes droites qui n’en finissent pas, et le vent qui donne envie de se rapprocher de la roue du mec de devant, mais bon, je ne suis pas le président des Taras, je dois respecter les règles moi, pas de drafting, ça aiderait bien pourtant.
Jean-Luc me dépasse aisément et avec grâce (il s’est levé les dimanches matin lui) et ne se retourne même pas quand je l’appelle, il fait son prince ou il est focus avec Beyoncé dans les oreilles, en tout cas j’ai pas froid, c’est bon signe.
En me rapprochant du parc à vélo, une dernière montée ou je me fais doubler par des femmes tout en puissance, mais à la descente suivante je donne tout et double une dizaine de coureur (enfin j’ai l’impression) à plus de 53 km/h et continue dans le faux plat descendant comme une balle (sursaut d’égo sans doute, il était temps me direz vous, c’est le dernier km...). Par contre j’aperçois tardivement la ligne blanche ou l'on doit normalement être déjà descendu du vélo, mais à la vitesse ou je vais trop tard, j’écrase les freins et fais un dérapage de 3m (toujours mon impression) et m’arrête derrière la ligne, tout en finesse… l’arbitre de ligne me le confirmera…
On repose toujours "délicatement" le matos, et on se pour les derniers 10 km de course à pied, j’ai encore de l’énergie ça rassure, enfin c’est ce que je croyais. Durant cette transition après avoir tranquillement fait mes lacets (la prochaine fois je les ferais avant comme l'avais dit Tiffanie…) je commence à partir et là ma femme me signale perspicacement que j’ai encore le casque de vélo sur la tête (bien sûr elle l’a filmé…), au moins j'ai plus la combi (certains(es) se reconnaitront).
Je me lance dans les 2 boucles de 5 km, décrites comme goudronnées par Coach Baptiste, mais avait volontairement ou non oublié de dire qu’on avait beaucoup de passage dans le sable bien labouré par les sangliers du L (certains se reconnaîtront encore) et les quelques coureurs devant moi.
Je pars en 4’50 sur "le" premier kilomètre, comme aux entraînements, puis beaucoup moins vite, le sable faisant son effet. Je « m’amuse » même à faire demi-tour (dans le sable) pour récupérer ma flasque rangée soigneusement à côté de la poche. Mais bon ça tient et les encouragements des Taras et ma femme me mettent les larmes aux yeux, jusqu’à ce que je croise NiCoach, qui me signale avec optimisme que le prince Jean-Luc et juste devant et que je peux le rattraper, euh, il est loin devant quand même coach …
On lâche rien, on augmente l’allure (en impression), on double des coureurs, ça fait du bien, mais c’est surtout parce que je saute les ravitos (j’ai 14 gels autour de la taille je suis large, #stratégie2course). Au loin j’aperçois Jean-Luc, enfin j’espère que c’est bien lui, et je me «lance» à sa poursuite, tout est relatif vu que j’ai mis presque 1km à le rattraper. J’arrive à ses côtés, il n’est pas au top, mais je comprends vite pourquoi il ne m’a pas répondu tout à l’heure en vélo, sa trifonction est floquée avec à son prénom et tout le monde le scandait pendant la course et l’encourageait, même le speaker, et là je comprends pourquoi mes appels de détresse quand il m’a doublé en vélo sont restés sans suite, c’est lui Beyoncé .
On reste l’un à côté de l’autre, je l’encourage et on tient jusqu’à la ligne d’arrivée qu’on franchi tous les deux ensemble la main en l’air, c’est ça l’esprit d’équipe, l’esprit Tarahumaras.
Apres avoir avalé un saladier de pastèque au ravito final, Tiffanie nous rejoins dans la foulée, on kiff ce moment. Jean-Luc me remercie, et pourtant si je l’avais pas aperçu devant moi (avec l’aide de Nicoach) j’aurais sans doute pas eu le courage « d’accélérer », c’est à moi de le remercier.
Au final, 3h02 pour mon 1er triathlon M, plutôt fier de moi, de l’avoir fini tout en gardant le smile sur toute la course, des fois plus crispé que d’autres, du coup faut que je remette ça !! Promis je me lèverais (conditionnel pas futur) le dimanche matin pour aller rouler Baptiste (#Batistoutaise) et je retournerais faire des tours de pistes et continuerais les culbutes à 7h15 du mat.
Bref faut pas s’aimer quand même, mais c’est tellement bon qu’on on franchi la ligne !!
Merci au courageux qui arrivent à lire cette phrase : Tarahumaras, l’esprit d’endurance
PS : Reste plus qu’à publier ce nouveau CR sur le site internet …
PS2 : Espérons que ce roman vous donne envie de vous lancer, et vous donne des conseils sur ce qui faut faire et surtout pas faire.
Sportivement
Benoît, triathlète