Salut à tous,
Cela fait plusieurs années que je souhaite participer au Grand Raid de la Réunion, en suivant les traces des 2 Jean-Louis. En l’associant avec un voyage familial, 2024 s’est avérée être la bonne année. Malheureusement, je n’ai pas réussi à obtenir un dossard pour la diagonale car ai toujours été sur les listes d’attente pour l’achat du dossard avec les PACs, j’ai donc choisi de tenter un tirage au sort sur le trail Bourbon 100km (moins populaire pour les métropolitains) plutôt que la diagonale : choix qui s’est avéré judicieux puisque j’ai été tiré au sort !
Nous arrivons à la Réunion le mercredi matin (jour du retrait du dossard) et le départ de la course se fait le vendredi soir depuis le cirque de Cilaos. Je suis plutôt confiant et serein ayant déjà fait des ultra de cette distance mais appréhende la technicité du terrain et la chaleur. Dans le SAS de départ, je prends quelques conseils auprès de locaux : partir vite pour éviter les bouchons dans le col du Taïbit, si les jambes sont là dérouler dans la descente après le Maïdo vers la base de vie, la grosse difficulté c’est le Maïdo depuis la paserelle d’Oussy (2000m de D+….avec des marches!!!).
21h c’est le top départ, avec une ambiance incroyable (bandas, monde, village en fête) sous un ciel étoilé avec pleine lune, la nuit s’annonce belle. On commence par 7 km de route « toboggan » avec 250mD+ (des descentes et murs dignes des routes réunionnaises pour ceux qui connaissent), jusqu’au départ du sentier Taibit qui est la 1ère grosse difficulté (840m D+ en 3km …d’escaliers). Je suis sur un bon rythme pour éviter les bouchons comme conseillé. Au sommet du col du Taibit (2075m), on rentre dans le cirque de Mafate, dans lequel on descend jusqu’à Marla (400D-)…et dans les descentes il y a autant de marches que dans les montées:( Je le savais avant de partir mais franchement je ne m’attendais pas à en avoir autant !
A Marla je décide de calmer le rythme, les chemins sont plus larges, c’est la nuit je suis assez focus dans ma course. Le temps passe assez vite, on double pas mal de coureurs de la diagonale qui sont bien marqués (au 100ème km pour eux avec une météo pluvieuse pourrie sur la 1ère nuit) et on doit même éviter ceux qui dorment sur le bord du chemin. La nuit étant très claire j’arrive à distinguer le paysage vertigineux de Mafate. On poursuit avec 15km de descente régulière avec quelques passages techniques dans le cirque jusqu’à la passerelle d’Oussy (point le plus bas du cirque). Puis, on attaque la fameuse montée vers le Maïdo avec un intermédiaire à mi-parcours à l’ilet des Orangers, j’ai mis 4 h pour le gravir au levé du jour…c’était juste magnifique ! Et l’ambiance à l’arrivée du Maido est inoubliable !
Je commence à être fatigué et à avoir faim, je m’arrête au ravito 20 min dans lequel était proposé des purées mais pas de couverts pour les manger. Ayant en tête que ce qui suit c’est la descente roulante dont me parlait le gars au départ et au bas de laquelle Anne m’attend avec des pâtes, je décide de ne pas manger les purées mais seulement de la charcuterie/formage/thé….Erreur (ou manque de lucidité) car la descente fait 17km et après seulement 5km j’ai une grosse fringale qui me tord les boyaux. Impossible de relancer, je suis frustré car les jambes sont là mais je suis vidé et n’ai pas d’énergie. Après 65 km de course, j’arrive enfin à l’Ilet Savannah où je retrouve la famille et une salade de pâtes! Je mets du temps à m’alimenter car malgré la faim cela ne passe pas, je prends le temps et à la sortie du ravito je me sens un peu mieux.
Je repars en traversant la Rivière des Galets jusqu’au chemin Ratineau qui est la partie la moins belle du parcours : pas mal de route dans des lotissements, chemins au milieu de la canne à sucre …et en plus ça monte (650D+). Malgré ça, je retrouve quelques petites sensations qui seront de courtes durées et je rejoins la famille et ma salade de pâte au ravito. On redescend vers la Possession dans des chemins monotraces dans lesquels il est difficile de doubler les derniers coureurs du Métis trail (50km) que l’on a rattrapé. La fatigue revient, il commence à faire chaud et je n’ai qu’une envie c’est dormir. Au ravito de la Possession je m’endors debout, et décide de faire une sieste. Le réveil est dur , le moral en berne je pars en disant « je n’arriverai à la Redoute qu’à minuit », et il fait très chaud pour attaquer le fameux chemin des anglais et ses pavés volcaniques noirs qui réverbèrent la chaleur…bon c’est connu mais c’est quand même hallucinant à quel point ce chemin est mal fait : pas un seul pavé à la même hauteur. J’avance à 2 à l’heure avec 2 de tension, je m’arrête sur plusieurs cailloux : 3h pour faire 7km et seulement 300 de D+ !!!
J’arrive à la grande Chaloupe le dernier ravito où je rejoins la famille…je ne me pose pas de question : la sieste est obligatoire, 15 min top chrono après massage et petit soin des pieds. Mon objectif 20h est mort depuis longtemps mais je me remotive, aidé par Anne et les copains, pour passer en dessous des 24h. La sieste a été bénéfique et mon rythme de montée dans la boue du Colorado est correct malgré 2-3 gamelles juste avant le ravito. Un dernier petit coup au moral quand je dois rallumer la frontale mais c’est la descente vers la Redoute…elle est quand même assez technique, ça bouchonne, plus personne n’avance. A 1km de la fin, l’ambiance du stade se fait entendre, les filles m’attendent et sont fières de passer la ligne d’arrivée avec moi !
Finisher (et c’était pas gagné à la Possession) 201ème/1400 partants et 988 finishers en 23h12 pour 102 km et 6100D+…frustré par ma gestion de course car musculairement j’étais très bien mais vidé physiquement (mauvaise alimentation, fatigue du voyage, chaleur…) mais heureux d’avoir participé à ce trail mythique jusqu’à la Redoute ! Un autre regard sur les résultats me rend admiratif des perfs des vainqueurs de la Diagonale des fous (Mathieu Blanchard en 23h25 pour 180km et 10700D+) et du trail Bourbon (Louison Coiffet en 12h27).