Marathon pour tous By Julien


Il y a des objectifs qui sont encore plus beau que des rêves .
Cette année, j’ai l’immense privilège de pouvoir réaliser les deux : courir mon premier marathon sur le parcours des JO pendant les JO !
Vu que c’est l’été, les CR sont plutôt rare. Normalement, on a un peu plus de temps pour lire , alors j’ai eu envie de faire un CR un peu particulier. Pour ceux qui n’auraient pas suivi , « on adore les CR! » (Dédicace à Nicom)
Plutôt que de tout écrire à chaud après la course, j’ai décidé d’écrire ce compte rendu dès le début de cet aventure, enfin presque : j’attaque le 17 mai, jour du passage de la flamme Olympique à Muret et quasiment le début de ma préparation. L’idée est de partager l’avant, le pendant et l’après course.
C’est parti pour une séance d’écriture fractionnée !


2021 introduction genèse :


J’ai commencé à courir réellement il y a trois ans. Je n’avais jamais été sportif… Et puis, la
quarantaine arrivant , j’ai décidé de me prendre en main. J’ai toujours aimé les Jeux Olympiques ,
alors quand j’ai commencé à pratiquer la course, je me suis inscrit sur la plate-forme marathon
pour tous. On sait jamais …L’objectif était de me bouger . Le gain: un dossard pour le marathon
des JO entre l’épreuve masculine et la féminine . On pouvait le gagner soit par des défis soit par
des tirages au sort. Aucune ambition mais je trouvais ça fun de rêver un peu .. les JO … un
marathon…une distance mythique qui fait rêver, mais inaccessible pour le coureur du dimanche
que j’étais !


2022 inscription aux Tara


De coureur du dimanche, je
passe à coureur du mardi
du jeudi et du dimanche !
Rien que ça c’est une vraie
avancée.
Je découvre la force d’un
groupe et je m’entraine
avec les sénateurs.
Février 2024 : les grandes émotions
Le virus des dossards frappe dans ma famille avec mon
dernier qui s’inscrit au TMT junior . Je suis trop fier de
transmettre ma passion.
9 février, durant une visio pour le taf, je reçois le mail
m’indiquant que j’ai un dossard pour le marathon ! Je n’y
ai pas cru au début. Tellement improbable que j’ai mis 2
heures à réaliser. Je ne sais même pas comment je l’ai
gagné si c’est un tirage au sort ou avec mes activités…
Ils sont drôles, le mail est intitulé « Julien, tu l’as fait ! » ,
euhhh… pas encore ! Bref, c’est le kif !
Petit détail, je suis plutôt trailer,
Le bitume je ne connais pas . Ma plus grande distance cette année devait être un 32 km si je
réussissais les 30km de Cazéres. Avant de valider ma participation, j’ai quand même demandé à
Marcoach s’il pensait que je pouvais courir un marathon, on n’est jamais trop prévoyant !
Pas de boue, un peu de foncier c’est jouable .
Une fois l’euphorie passée, j’avoue que j’ai réalisé qu’un marathon c’était 42km195 et que là, pas
question de profiter des montées pour marcher et dévaliser les Tucs aux ravitos… c’est du
sérieux .
Une petite pression s’installe quand même .
En discutant avant un entraînement, je découvre que Carine et Laetitia font aussi partie de
l’aventure ! On sera trois Tara ! Trop cool de pouvoir partager cette course avec elles.
Mars 2024 : Les bonnes sensations
Un soir, Je croise Nicoach en allant chercher mon petit à
l’escalade. On discute objectifs et je lui fait part de mon
appréhension . Il me dit : « T’inquiètes pas, ça sera
sensiblement le même temps et le même effort que
l’irreductrail de Cazéres que tu vas faire à la fin de la
semaine »
Si je fais 4h18 et que j’arrive aussi bien … je signe !
Oui, enfin là j’aurais pas une équipe de choc, et surtout je n’aurais
pas Marie avec pour me booster et avec qui parler 😉
A la fin de ce Trail, après avoir partagé quelques bières, , c’est décider, la pression chez les TARA,
on ne la prend pas, on la boit !
Pour concrétiser ma participation, je m’achète mes chaussures . Le choix est primordiale, pas
question de se louper .
Après quelques sorties avec, bonnes sensations !
Avril 2024: La désorientation
La question de tout le monde est « Quel est ton objectif de temps ? »
Euh …. J’ai le droit de dire que je veux juste kiffer? Bon, je ne mouille pas: je dis que je veux être
« finisher». En revanche l’organisation me le demande aussi pour le SAS. La barrière horaire est à
6h , je suis Laaarge ! Un soir, ça me prend comme une envie de pisser, je me fais un demi Cooper
sous la pluie avec les chaussures de trail sur la piste d’Eaunes : la précision a l’état pur ! Je
découvre que pour être marathonien il faut être aussi mathématicien ! Si FCmax=220-43 et que
l’endurance fondamentale = 65% de FCmax , alors je dois courir à 6 min/km . Ca correspond
aussi à un pourcentage de ma VMA…. Je trouve sur le web un bon tableur Excel (Julie
comprendra ma joie !). J’ai presque mal à la tête avant d’avoir mal aux jambes !
Bref, je m’inscrit dans le sas de 4h30.
J’arrête de cogiter et j’en profite pour continuer à courir tranquille avec quelques sorties bien
délires (Spéciale dédicace notamment à Cyrielle, Yo et Gaelle que j’avais pas encore cité !). C’est
le premier mois où je fais 160km !
Mai 2024 : Début de la préparation
2 mai Je fais un run avec Celia, Anne et Carine. C’est le jour de la sortie la plus longue de Celia
dans sa prépa marathon et je comprend que prochainement je vais devoir engranger des bornes !
C’est franchement sympa de le faire avec ses potes Tara .
Après avoir écouté les conseils des uns et des autres, lu plein d’articles sur les plans
d’entraînement, je choisis finalement celui envoyé par l’orga pour être finisher. 3 séances par
semaine avec une sortie longue vallonnée , ça me va bien ! Ce séquençage est exactement celui
dont Marc m’avait parlé. En revanche, il faut caser les séances avec la vie pro et la vie perso ! Du
coup, j’ai tout mis sur le calendrier de mon iPhone, comme ça je suis sûre de ne rien oublier.
17 Mai: Passage de la flamme à Muret !
Punaise le monde … Je me dis que le Jour J à Paris pendant les
JO ça va être juste énorme ! . Ça marque symboliquement pour
moi réellement le début de l’aventure car on est à 12 semaines du
jour J !
Une séance d’ostéopathie chez Marie Anne et je suis prêt à démarrer .
Le même weekend, c’est le premier trail de ma femme !!! Les gendarmes et
les voleurs du temps à Ambazac (87). 10km très sympa avec une très grosse
organisation. Une ambiance de barge , j’avais jamais vu autant de monde sur
une course . Ca met un coup de boost énorme ! Première réussie ! A la fin ma
femme et notre amie commencent à se projeter sur le TMT 16 ! Les places
partent de plus en plus tôt 😉
21 mai: Premier entrainement !!!
Après une journée marathon en région parisienne, je
découvre la joie de courir en endurance fondamentale .
En fait, la joie bof … c’est un peu chiant: t’as
l’impression de te traîner ! Mais bon, je suis
scrupuleusement ce qu’on me dit ! J’en profite aussi
pour passer en mode hygiène de vie en refusant la bière
avec les collègues. Je vais profiter de cette prépa pour
éliminer le poids que l’arrêt du tabac à généré .
Curieusement, la séance d’après de fractionnée en côte sur bitume devient sympa ! 14X20
secondes pour débuter !
Ce week-end là, Celia boucle son premier marathon en 4h13 (le même temps que Fabrice à Paris
pour son premier également) ! Je peux signer pour faire tout pareil ???
Le rythme des séances se lance : Mardi footing, Jeudi spécifique, week-end sortie longue. Je vais
respecter scrupuleusement ce que le plan dit mais au final je vais pas voir souvent le groupe et
ça, c’est moins cool…
Le mardi suivant, je retrouve les sénateurs pour un fartleck à Brioudes. J’échange sur l’ordre des
séries d’entraînement .

  • Tu veux faire un temps ?
  • Euh non, je veux juste le finir !
  • Ben alors rentre du volume et ça ira ! Fais toi un max de sorties en groupe ! Ç’est déjà chiant
    une prépa , alors ne reste pas seul ….
  • J’adore et j’adhère !!
    Le soleil reviens enfin !
    Juin: La répétition fixe la notion
    2 Juin: Semi-Marathon de Pins-Justaret
    Pour réaliser une sortie longue sympa, j’ai pris l’option de me faire mon premier semi « officiel ».
    Je n’ai pas de temps de référence sur la distance , je sais juste que j’avais fait 1H57 en mai avec
    plutôt de bonnes sensations. Là encore, j’y vais en mode sans stress et sans pression de temps.
    Enfin, si : juste faire mieux qu’en solo!
    Je retrouve sur ce semi Jean Mi et Carine ainsi que Sonia qui
    fait le 10 km. Après un départ plutôt contenu sans partir comme
    une flèche, j’enchaine avec un rythme supérieur au 5’30 de mai.
    Je me sens bien alors j’accélère ! Objectif de cette seconde
    boucle: je double tout ceux que je peux !!! Au final, un négative
    split et 1h47 à l’arrivée ! Je suis hyper fier. Les entrainement
    portent leurs fruits et c’est bon pour le moral. En fait, je suis
    peut être un peu plus capable que ce que je pense.
    Déjà 3 semaines de passées ! Je prends chaque séances avec
    plaisir. Cette période est vraiment top: j’ai un alibi pour faire
    plein de sorties longues !
    On sent la fin de saison arriver de plus en plus. Les
    entrainements Taras se calent sur les objectifs et les envies de
    chacun. Ainsi, Cyrielle et Marc proposent une sortie Trail avec un
    apéro à la fin. Un vrai succès et un record de participants ! 14
    taras motivés à travailler les montées et les descentes … de bière(s)!
    L’avantage de participer à un tel événement est la médiatisation. Il y a plein d’articles et de
    podcasts dédiés pour t’aider. L’organisation semble être au taquet. Ils ont vu les choses en grand
    en prévoyant des guest-stars, des tunnels lumineux, des fans zone.
    Selon les spécialistes, ce sera le marathon le plus dur de l’histoire des JO. Ils préviennent aussi
    que ça ne sera pas une épreuve où on fera son PR. Perso, je m’en tape, je veux juste finir.
    Honnêtement, venant du Trail , ça fait bizarre de lire que 430m sur 42km puisse faire peur.
    La maillot Tara donne des ailes dixit Marion … Elle boucle aussi son premier marathon cette
    année mais avec un podium s’il vous plait ! La classe à l’état pure.
    Je prend malgré tout la topographie en considération en continuant les sorties longues en mode
    vallonné. Ca tombe bien, j’aime bien ! Une chose est cependant certaine: je vais en prendre plein
    les yeux: Paris vidé de circulation avec un parcours remplis de monuments.
    Le temps de cette fin juin est frais et humide. On en profite avec Cyrielle pour se taper une vraie
    sortie de gosses en sautant dans les flaques d’eau …
    Fin juin, Ca y est ! On fait enfin une sortie entre futur marathoniens. Bon, clairement Carine et
    Laetitia me font halluciner : elles sont stratosphériques ! J’ai l’impression de me trainer. Autant il
    faisait humide, maintenant il fait chaud ! Je prends le sujet: l’hydratation va être primordiale. A
    l’issue de cette sortie, j’avais perdu 2 kg … La sortie d’après, un cacheton d’Hydratis (non, j’ai,
    pas eu de sponsor ) en amont et ça le fait !
    Je termine le mois à 196 km, un record pour moi !
    Juillet: L’assimilation
    Une saison s’achève, et l’auberge espagnole est toujours aussi sympa. C’est l’occasion de passer
    un bon moment entre Taras et de discuter de la saison passée et des prochains objectifs.
    Cela sonne le début de l’été et la fin des entraînements en groupe. Je croise les doigts pour
    continuer à avoir des partenaires d’entrainement.
    Je ne sais pas garder ma langue sur la pré écriture de ce CR , alors je me fais chambrer par
    Nicom ;-). J’espère au moins que la lecture est plaisante car effectivement ce marathon n’est pas
    encore couru ! De toute façon, je serais fier de le finir, ça sera ma victoire !
    « Gagner ce n’est pas finir en première position, ce n’est pas battre les autres. Gagner c’est se
    vaincre soi-même, vaincre notre corps, nos limites et nos peurs » Kilian Jornet
    Cette citation est devenue mon mantra. J’avais oublié de dire que cette prépa était l’occasion
    pour moi de faire une introspection et de me lancer des défis perso. Après avoir arrêté la clope
    depuis 7 mois, ça fait 1 mois et demi que je n’ai pas bu une seule goute d’alcool. Oui, je sais …
    ça sert à rien car le marathon est encore loin. Alors je n’étais pas alcoolique non plus … Mais je
    m’aperçois juste que les occasions pro et perso sont très nombreuses. Au niveau physio, j’ai
    perdu un peu de brioche et je sens que je récupère mieux. Au final, le plus important ce n’est pas
    ce que l’on met dans le verre mais les gens qui sont autour ! Je décide donc de poursuivre cette
    aventure jusqu’au marathon en fantasmant sur mon demi à l’arrivée.
    Marc a un objectif prochain. C’est l’occasion de faire des
    sorties longues en groupe! On s’acclimate aux températures
    plus élevées et on fait des sorties longues avec du dénivelé.
    Je teste aussi mon alimentation. Mon choix se porte sur des
    acides aminés solubles dans l’eau avec des glucides.
    C’est une vrai bonne illustration du célèbre manger rapide,
    manger liquide !
    21 Juillet: Sortie Longue de 31 km ! Super test avec des conditions humides. Les choses se
    précisent ! On est la team TARATONIEN !
    Aout: L’excitation
    Au lieu de faire une dernière sortie route,
    je décide de faire une rando en
    montagne avec Cyrielle et ma famille.
    Une belle balade avec un retour en
    Hélico pour ma femme! Un déchirement
    osseux à la cheville …
    10 Août : Jour J
    Comment dire que je suis au taquet … j’ai pas
    beaucoup dormi.
    Je récupère Laetitia à 5h30 pour prendre le train, la
    journée s’annonce belle mais longue.
    Une vraie journée Marathon en fait ! Surtout que le
    train a 2h de retard … la solidarité Tara est là avec
    Nico et Sandy de passage à Paris qui se proposent
    de nous récupérer les dossards . Trop cool ! Bref
    de l’adrénaline en plus de la fatigue ça s’annonce
    pas mal !
    Finalement, on réussi à arriver dans les temps et on récupère nos
    dossards. Photo avec les dossards devant la tour Eiffel , ça fait plaisir !
    Petit tour en métro avec une Laeti qui va de moins en moins bien. On
    arrive à l’appart et on se met en mode petits soins. L’objectif est qu’elle
    soit sur pieds ce soir et en forme. L’après midi passe lentement. On en
    profite pour discuter, se changer les idées. On se fait des courses pour le
    repas de 18h. On a presque l’impression de se faire une coloc de TARA.
    Laetitia est à nouveau sur pieds, c’est top.
    Une douche, un peu de couture sur mon short qui était troué et nous voilà
    parti pour aller prendre un verre avec Sandy et Nico. Le hasard fait que
    nous étions à 300m de chez eux. On est presque une délégation TARA !
    21h45: Le SAS de départ
    Nous voila parti pour le sas de départ, la
    pression monte. Notre comité de soutien TARA
    nous accompagne, puis nous nous retrouvons
    tout les 3. Pour info, Carine et Laetitia avaient
    des SAS différent du mien, mais elles ont fait le
    choix de m’accompagner pour m’aider à faire
    mon premier marathon.
    On discute avec plein de monde, il ya des gens
    du monde entier !
    A l’initiative de Carine, on passe un pacte: on a
    le droit de se râler dessus pour se faire
    avancer ! Ok , ça me va !
    Moi je propose qu’on passe la ligne tous
    ensemble main dans la main.
    21h 55: Départ -5 minutes !
    Le thème musicale des JO à fond dans les enceintes me
    donne des frissons. J’ai l’impression d’avoir de l’électricité
    dans le corps, les jambes me démangent. Il y a du monde,
    énormément de monde . Les gens ont le sourire, prennent
    des photos. Moi je suis en mode chien fou. Je saute partout.
    Je crois que je n’avais jamais eu autant d’adrénaline avant
    une course.
    Derniers conseils, suivre la ligne bleue pour faire réellement
    le kilométrage sans trop en ajouter.
    Je lie mes derniers WhatsApp de la famille restée à la
    maison.
    Je tente de me concentrer un peu: ça tient 5 secondes …
    22h: Le départ
    Un dernier virage et on voit la ligne de départ. « Temperature » de Sean Paul résonne alors ! Très
    bon choix ou ironie, car il fait très chaud, 27°c avec un ressenti à 34°C.
    Sur les côtés, on a des panneaux lumineux avec des lasers qui affichent un décompte et les
    fauves sont lâchés. Il y tellement de monde qu’on ne peut pas trop directement se mettre dans
    son rythme. Je n’avais jamais fait de très grosses courses avec beaucoup de public. Là, c’est
    clairement des milliers de gens sur le 1er Km. Ca crie, ça encourage ça tend la main pour taper
    dedans ! On reste groupé à 3. On a nos prénoms sur les dossards et Laetitia a la palme d’or des
    encouragements .
    Le début de parcours est un Paris de carte postale
    vidé de circulation. Il ya une effervescence, une
    énergie donnée par les gens alors que nous ne
    sommes que des amateurs. On passe par rue de
    Rivoli, le palais Garnier, la place Vendôme avant
    d’arriver au Louvre et aux tuileries. On voit la flamme
    olympique au passage. Même avec cette chaleur, j’ai
    des frissons.
    On a presque l’impression de courir un marathon sur
    un plateau de Monopoly.
    Pour le moment, les sensations sont top.
    Encore un virage et on arrive sur les bords de seine
    avec la tour Eiffel qui nous appelle au loin.
    On commence à avoir maintenant des tambours des
    fanfares qui jouent. Mine de rien, on a zigzagué et on
    a un peu envoyé, on a doublé les meneurs d’allure
    du SAS précédent. On fait un check up de groupe et
    tout le monde est ok. Je suis soulagé pour Laeti qui
    semble péter le feu et pour la hanche de Carine qui
    tient.
    On profite du ravito pour s’hydrater et manger une
    banane. Je découvre alors que je ne sais pas boire
    dans un verre en courant.
    Bienveillant mais joueur avant tout, je balance un
    verre d’eau sur mes camarades histoire de les
    rafraichir. Ca change rien, on est déjà trempé !
    10eme Km
    C’est vite passé ! On déroule. On a regagné du
    temps et on peut encore faire le marathon en 4h. On
    profite un max de l’euphorie générale. Le parcours
    passé était clairement la partie de plaisir.
    On passe le pont de Sèvre et la fraicheur tombe
    enfin. Ca tombe bien, le dénivelé arrive ! On est
    partit pour 7 km de montée.
    15eme KM
    Pause au ravito. Laeti est pas au top et moi je
    commence a sentir un peu de douleur dans un
    genou. Il est 23h30 et la fatigue prend un peut le
    dessus sur l’adrénaline. On diminue un peu l’allure
    avant d’attaquer la première grosse montée qui
    casse les jambes. On fait les 100 derniers mètres en
    marchant, j’ai mal et j’ai clairement pas envie de me
    cramer.
    Après avoir échangé avec Carine, Laeti nous demande de partir devant et de la laisser seule se
    gérer. La mission de Carine est désormais de me faire finir.
    20eme KM
    On se dirige vers Versailles, j’ai un petit
    moment d’émotion car c’est l’endroit où
    ma famille aurait du m’attendre. Je
    reprend quelques forces grâce à Carine
    qui est en mode warrior aux petits
    oignons. Elle va me chercher les verres
    d’eau et les bananes pour qu’on s’arrête
    le moins longtemps possible.
    On passe le premier semi en 2h11. De
    toute façon, on le sait ils l’avaient dit
    c’est pas un marathon à RP…
    On croise de plus en plus de monde qui
    marche et qui clairement ont l’air d’en
    chier.
    Je commence aussi à plus être au top. D’ailleurs je parle
    plus trop non plus à part pour dire « Ralentis Carine, je
    peux pas aller plus vite! » Je sais que la côte des gardes
    arrive et j’annonce la couleur: on la fera en marchant.
    On arrive en bas et clairement le wall of Eaunes ou la
    ferrane semblent être bien sympathique.
    Ils ont mis des tunnels lumineux comme à L’UTMB ou la
    route arc en ciel de Mario Kart selon ses refs.
    On se la fait en marchant. Une dame de petite vertu (ou
    un monsieur déguisé en dame je sais pas trop) sur le
    côté nous offre une crise de rire en proposant
    inlassablement « Café, sexe ,cocaïne » Improbable….
    Les supporters un peu plus standards font leur job en
    nous encourageant ça fait trop plaisir…
    Ca commence à ressembler à une scène de guerre avec
    des gens qui vomissent partout et d’autre au sol.
    J’en chie mais je suis encore là ! Carine, ma coach d’un soir, me dit d’aller chercher au plus
    profond de moi ma motivation. « Quelles sont tes moteurs Julien? Qu’est ce qui te fais
    avancer ? On est venu pour finir et tu finiras ! » J’ai eu un moment de réflexion philosophique en
    me demandant ce que je foutais là à me mettre dans cet état là. Je crois qu’en fait on est
    beaucoup dans ce cas à aimer ça se mettre dans ses limites . J’ai pas ma réponse mais je suis en
    fait un vrai TARA au fond de moi et clairement j’abdiquerais pas. Pour moi, pour ma famille, pour
    mon club !. Je résume donc ma pensée avec ma plus belle réponse de la soirée: « Ok, mais stp
    vas pas si vite, je peux plus avancer »
    30eme KM
    Cette fichue côte passée, je reprend le moral. Je sais qu’on va avoir une animation sympa bientôt
    et on retrouve du plat. Je voie au loin des flash et je sais qu’on va être pris en photo. Je me rappel
    alors d’un conseil d’une de nos TARAS au sourire impeccable sur les photos au point d’être mise
    en couverture des publications : « Même si tu en chie, souries »
    J’avais la trouille de prendre le mur mais pour le
    moment ça va . J’ai très mal dans les jambes mais je
    fais abstraction. Le parcours va basculer en descente
    et c’est une vraie joie!
    Je reprend du jus et je fais même mon malin ! Je
    double Carine et l’attend en la charriant lui disant vas
    y envoies j’adore les descentes !
    L’euphorie va durer 2 km…
    Après, je rentre dans l’inconnu . Le saut dans le vide.
    Je ne sais pas ce que ça fait de dépasser cette
    distance . Enfin si à l’instant T: mal aux jambes !
    Je me force à avaler une 3eme Sportenine . C’est
    dégueulasse c’est pâteux beurk…
    35eme KM
    Ca fait 20 bornes que j’en chie, il est 1h50 du matin. Je suis dans le dur…J’ai beau me dire qu’il
    reste moins de 10 km et que ça fait moins qu’une sortie d’un dimanche pépère mais mon dieu
    que c’est dur. Ma conversation s’est réduite à des « oui », « non » , « Ralentis Carine , je peux pas
    aller plus vite ». Je commence à marcher un peu pour gérer l’effort et Carine me dit que si on
    continue comme ça jamais on arrive… Et en plus, sa douleur dans la hanche semble se réveiller.
    O n p a s s e l e t u n n e l
    « Orange » et je ne peux plus
    m o n t e r . L à , C a r i n e
    commence à me pourrir en
    me disant que ça lui fait mal
    d’arrêter de courir . Je lui dis
    on marche et je repars dés
    qu’il ya du plat. Je ne peux
    plus manger de bananes
    elles me foutent la gerbe. La
    flotte est fraiche et elle me
    crispe le ventre. Ca sent le
    bad trip. On voit la tour Eiffel
    au loin avec les anneaux. On
    la dépasse mais même pas
    j’ai un sourire.
    Un peu plus loin une zone DJ avec le tube « I got a feeling » démarre quand on passe. Je souris
    intérieurement… J’ avais aussi le sentiment pourtant que ce soir allé être une bonne nuit!
    39eme km
    « Chose promise, chose due , les voilà les voilà Carine et Jujuuu » Nicom en grande forme !
    Franchement, j’étais au bout de ma vie . Mais putain que ça fait du bien ! Je m’arrête pour
    marcher et Carine me crucifie sur place … J’en pouvais vraiment plus le cerveau avait rendu
    l’antenne je commençais à voir des étoiles . Et là, Nico me dit de boire et de manger. Bonne idée !
    40 eme km
    Je suis à 8’49 au km… il me reste les 2km 195 les plus longs de ma vie.
    41eme Km
    Je met un pied devant l’autre, je recommence et ainsi de suite … Nico nous accompagne, Carine
    semble gérer sa douleur, la fin est proche .
    42eme Km
    Allez, il reste un demi tour de Colette Besson. J’ai envie de pleurer, on se regarde avec Carine et
    on se prend la main. La ligne d’arrivée se profile…
    J’ai l’impression d’être au bout de ma vie…
    42, 195 KM
    2H40 (non, c’est pas le temps mais l’heure d’arrivée !)
    On l’a fait …
    S’en suit 2 minutes où je suis juste capable de lâcher un merci et un sourire à Carine en allant
    récupérer la médaille.
    Puis une fois posés au milieux de gens qui ont des crampes et qui vomissent on se demande
    quand arrive Laetitia.
    A ce moment j’ai un respect énorme pour elle qui nous boucle ce doux enfer avec une intox
    alimentaire d’un autre monde .
    Je regarde les 327 messages reçus pendant la course et je réalise que je l’ai fait .
    4h40 mais on s’en fou en fait du temps . Je suis allé au bout de moi même .
    Je remercie ma famille pour m’avoir soutenue et encouragé.
    Dédicace à Carine, t’es l’une des rares personnes qui m’a pourrit dans ma vie à qui je dis merci 😉
    Big Up à Laetitia, un modèle de dépassement de soi
    Merci à, Nicom pour tes encouragements et la balade parisienne de récupération d’anthologie
    Merci les TARAS pour votre soutien !
    Je m’appel Julien, et je suis … Marathonien !
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