Après Stéphane, c'est Maryvonne qui s'attaque à Son Ironman. Pour cela, elle traverse la planète, direction le Mexique !

Stéphane nous raconte son épopée en direct :

Veille de la course :

"Maryvonne est un peu en stress….

Elle a lu vos encouragements, et cela la motive, mais comme on change d’hôtel ce matin, et que l’on va devoir aller aux T1 et T2 ensuite, c’est un peu la panique.

Son numéro de dossard est le 637.

On a deux inquiétudes : son doigt de pied cassé, d’abord, dont on pensait qu’il guérirait en 3 semaines, mais il est toujours bleu et surtout gonflé, et ça fait mal dans la chaussure. C’est la lose. Ensuite, la chaleur : dur de savoir comment cela va se passer avec ces 32° et la moiteur pendant 8h de vélo. Nous avons fait de longues marches à l’heure de la chaleur cette semaine pour qu’elle s’habitue. Le vélo c’est vraiment dans le désert ici, au milieu des cactus.

La bonne nouvelle, c’est qu’au Mexique, le cut-off time final est bien de 17h (à cause de la chaleur sans doute), et c’est bien pour elle.

La petite photo le matin de l’entraînement IronMan organisé de natation sur le parcours au lever du soleil.

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Autre nouvelle : Mary a eu droit à un dossard gratuit pour offrir, pour l’épreuve inédite d’Aquabike (pas celui de Muret) : natation et vélo sans cap. Donc 3,8+180.

Comme aucun ami mexicain n’était intéressé, j’ai pris le dossard. Je serai donc le dossard 1696.

Franchement, faudra pas s’attendre à des étincelles, car je suis un peu malade (tourista pas trop forte…), et surtout, le seul vélo que j’ai réussi à louer au dernier moment est un…VTC. Autant dire que je vais prendre plaisir dans l’eau, puis faire le premier tour de vélo en espérant rattraper Maryvonne pour être un peu avec elle (aucune chance à mon avis). Mais tout faire me paraît très compliqué. Après, j’aime pas abandonner…

Et voilà ! Arriba !!!!"

Elle nous dit quand même quelques mots :

"Merci pour les encouragements, j’en ai bien besoin car j’ai le trouillomètre à zéro !

Soulagement hier soir car j’ai bien 17 et non 16 heures pour finir ma course…1 heure de bonheur en plus assurée !

Les documents de l’organisation étant incohérents, j’ai posé la question a un nombre significatif d’organisateurs pour atteindre un 95% de réponses dans ce sens ! J’espère juste que mon pied sera d’accord pour me porter pendant ces 17 heures ! "

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Pendant la course :

" Je peux vous donner des news car, comme prévu, le désert en VTC, ça le fait pas trop… Après une natation très très difficile, j’ai fait 110 km de vélo et hop, retour hôtel. En fait, je n’étais pas si mal, mais quand j’ai vu que j’allais être limite hors délais, j’ai préféré revenir. En tout cas, les Mexicains assurent côté encouragements : tu vois des familles en plein soleil au milieu de nulle part seuls avec les cactus qui t’encouragent à fond (vraiment dur la chaleur et le soleil qui te brûle la peau – j’espère que Mary va bien supporter cela, il y a des moments, en côte j’en avais ma claque, ça brûlait de partout). Faut dire que j’avais un bon capital sympathie avec ma rougne….

Mais c’est pas le plus important: J’ai croisé Mary 2 fois en vélo, elle a l’air bien dans son truc.

Elle ne devrait plus tarder aux 120 km, on verra la moyenne. On s’était fixé 23 km/h pour avoir le temps au marathon, et c’est bien parti.

Par contre, le parcours vélo a été changé, et il est beaucoup plus dur que prévu, avec notamment 2 grosses côtes longues sur 2 bouts d’autoroute. Pas trop un profil pour Maryvonne, ça, elle préfère les successions de petites côtes où elle peut conserver pas mal d’élan. La dernière côté jusqu’au péage (c’est pas le passage le plus beau) risque d’être compliqué.

En tout cas, elle a fait une bonne natation, car je peux vous dire que les conditions n’étaient vraiment pas facile avec du courant assez fort et un clapotis d’enfer.

J’en ai bien chié… Bien fait J. Pour elle 1h16, avec ces conditions, c’est super. Et je suis sûr qu’elle nous parlera des poissons qu’elle a vu et que c’était super beau et tout et tout.

Allez je me douche et je vais me préparer à la soutenir en cap.

J’espère avoir assez de gaz pour l’aider au maximum."

(...)

"Mary suit parfaitement son plan. Le vélo a 23, nickel.
Maintenant elle court a son rythme, pleine d'enthousiasme.
Elle a un paquet de temps et la chaleur commence enfin a baisser. Tous les voyants sont au vert.
Espérons que le doigt de pied la laisse tranquille.
Vamos, arriba Mary ! "

(...)

"Mary est toujours en course au 30e km environ. Elle est passé de la course a la marche rapide et ce n'est pas plus mal pour les douleurs notamment de pieds.
Si elle maintient le rythme, ca va le faire, mais la marge n' est pas énorme.
Le moral est bon je vois, alors..."

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ET ça le fait !!!!

Swim 1:16:44
Bike 7:45:53
Run 6:53:28
Overall 16:19:09

MARYVONNE YOU ARE AN IRONWOMAN !!!

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Quelle famille!

Voici pour terminer la version originale de l'épopée, racontée par Maryvonnr elle-même :

 "Les jours avant : 

Quelques jours de vacances mis à profit pour assembler le vélo, profiter de la mer de Cortez (27° C) et des beaux paysages et essayer d’oublier l’orteil cassé ….et tous les autres événements qui ont entravé la préparation…

Puis on se retrouve au pied du mur : vendredi  entrainement sur la plage de la course,  retrait de dossards et briefing, samedi  changement  d’ hôtel,  mise en place ces vélos et des sacs, Le tout avec un thermomètre qui frôle les 40°C a l’ombre… j’ai vraiment le trouilleaumètre à zéro là.

On cherche les idées positives : Stéphane qui va faire le clown  avec Le VTC sur « l’Aquabike, la natation qui sera à coup sûr un le meilleur moment de la journée, l’envie de réussir cette première tentative, au Mexique, pour plein de raisons qui me sont chères, le délai qui est bien de 17 h et pas 16 h…les nombreux encouragements, l’ambiance….

Je ne vais pas renoncer à la tentative, mais les chances de finir dans le délai me semblent très minces. Et en plus j’aimerai profiter des poissons et des paysages, de l’ambiance et finir assez en forme pour profiter de ce moment rêvé depuis si longtemps…

Objectivement il y a plein de bonnes raisons pour échouer (chaleur, insuffisante préparation, kilos en trop, genoux et pieds pourris..) sans compter le manque de bol (chute, casse…)  les alibis sont prêts en cas d’échec.

Oui mais..j’ai vraiment très envie de décrocher maintenant ce titre de finisher, très envie de me faire plaisir pendant la course et de pouvoir savourer la victoire, de partager tant cela avec famille et copains !

Dans la préparation des sacs de transition (rouge et bleu)  et special needs (musette) , j’essaye de tenir compte de tous les retours d’expérience informations et de tous les moindres détails pour mettre toutes les chances de mon côté.

Je passe des heures pour tout prévoir,  pour qu’à chaque moment de ces 22 heures « non stop »du lever au coucher je trouve ce qu’il faut.

Samedi soir : coucher de bonne heure, après un dernier coup d’œil aux messages d’encouragement. J’ai tellement réfléchi et angoissé les jours précédents qu’il n’y a plus rien à ressasser, je me sens plutôt tranquille, on verra bien ce qui se passe.

Dimanche,

Avant le départ

réveil 4 heures, après une grosse nuit reposante.

Avec Stéphane on se jette sur  les gâteaux sport et la cafetière de la chambre…

Avant d’enfiler la trifonction « Mexico » je commence les pommades : pour les frottements , pour le soleil…zut j’en mets partout, la belle trifonction « Mexico » est maintenant badigeonnée de trainées blanches….finalement je suis fidèle à moi-même, jamais nickel…

5 heures un petit tour au buffet de l’hotel qui ouvre juste, histoire de mendier du café en plus. Les autres triathlètes s’activent…autour du buffet.

5h 15 on prend la navette pour l’aire de transition : les sacs « special needs » (jaune et vert)  contenant sandwiches et autres mixture alimentaire magique sont remis aux bénévoles, un peu plus bas il faut donner le sac des habits du matin…(sac gris)

On arrive enfin dans le vif du sujet… quelques mots échangés avec les participants rencontrés précédemment français, mexicains et de partout !, recherche d’une pompe à vélo (le propriétaire me fait carrément la pression des pneux..il a déjà un T shirt finisher, donc je laisse faire..c’est un « senior » qui accompagne les copains), dernières hésitations : transition façon Ironman dans la tente ou façon bazard autour du vélo ?  la chaise et l’ombre me tentent… une bouteille d’eau est prévue pour rincer les pieds puis les cales des chaussures…fort utile.

Départ du half , des élites… retour des élites half… quand c’est à notre tour , 7h30 le soleil brûle déjà.

Natation :

Le départ se fait sans précipitation « rolling start », l’eau est toujours délicieuse, et pleine de poissons à regarder !  C’est, je me dis le meilleur moment de la journée. La mer n’est pas trop agitée. Je nage à un bon rythme sans plus.. pas pressée de sortir ! Sous la tente les écolières bénévoles nous aident au badigeonnage de crème solaire, séchage de pieds…nous apportent boissons et fruits. Je rajoute l’élastoplaste sur les bobos, en espérant que ça aide…du gel à manger, de l’eau à boire et un doliprane pour me convaincre que cela ne fera pas mal !  

marynatation

Vélo :

A la sortie du parc à vélo , dans la côte pour rejoindre l’échangeur de la route fédérale, les problèmes commencent. Ma cale gauche n’accroche pas, je merde un moment puis m’arrête pour nettoyer le tout plein de sable à gros grains mouillé…la bouteille a servi..

J’attaque enfin la première boucle. Je me sens bien, les moyennes sont bonnes et l’ambiance conviviale. Sur la route fédérale, fermée à la circulation, qui monte et descend gentiment, on croise les « avions » de la tête de course. Les ravitos sont sur le pied de guerre : premier ravito je confonds l’eau et le Gatorade…je me m’asperge au Gatorade et je bois l’eau…..Ce n’est pas grave, après 12 « douches » aux ravitos…je serai bien rincée..En haut de la première grande côte au dessus de San Lucas, je commence à prendre le coup …en arrivant au ravito je crie « ducha » et 3 ou 4 bénévoles se précipitent avec des bidons d’eau et de glace arrosent tête , corps et pieds…je vais garder la méthode pendant tout le vélo. Par chance j’avais remplacé mes chaussures de vélo avant de partir et les nouvelles ont des trous d’aération sous les pieds….ils serviront en fait de « vide-vite ». J’ai enfin découvert la solution au « feu » dont je souffre toujours au niveau des pieds !

Dans la première grande descente sur San Lucas, je me régale de la vue sur la mer, la fraicheur du  vent qui sèche l’eau , je croise Stéphane hilare qui double quelques vélos « aéro » dans la côte avec sont VTC….retour sur San José dans la bonne humeur. La moyenne est bonne et les ravitos sont assez rapprochés pour maintenir la fraicheur. La trifonction Mexico me vaut des encouragements enthousiastes des spectateurs et le dossard « France » me vaut l’amitié des Français, canadiens et autres sportifs.

Vers 12h j’attaque la côte de San José vers l’aéroport : raide, longue cagnard.. Le dernier ravito était trop espacé et je n’ai que du Gatorade, pas d’eau pour me rafraichir. Je vois des gens flancher dans la côte. Finalement cela passe et au sommet j’ai droit à mon « Ice bucket »…repis dans la descente ou je recroise Stéphane, toujours guilleret (avec son VTC, il maintient le rythme !).

A la moitié du parcours, « special needs » vélo je découvre que mon repas  a tourné au soleil.. tant pis je ferai bananes et gels…

Dans le retour jusqu’à San Lucas, je vois la vitesse moyenne s’avachir, l’énergie baisser..si cela continue comme ça je vais exploser le temps de vélo. Il commence à y avoir des débris dans les bas côtés (cartouches d’air, selle cassée…bidons…) les ambulances passent de temps en temps de même qu’un mécano avec pompe et chambres à air.. Je me ressaisis, me concentre,  m’applique à m’arroser, boire, manger par petit peu. A chaque ravito je me fais distancer par les concurrents qui prennent juste les bidons en passant sans faire de pause. Tant pis si je perds du temps au ravitos. Si je flanche à la moitié du parcours c’est fichu.. cela fini par payer. Les jambes répondent mieux, et dans la montée au-dessus de San Lucas je me sens bien. A la descente , je ne vois plus Stéphane : soit il a abandonné soit on s’est croisés là où les routes se séparent.

De San Lucas à San Jose je vois mes moyennes remonter, il est 15h, le soleil est tout à coup moins dur, les ombres s’allongent. Ça devrait le faire. J’aimerai arriver avant 17 h à la T2 pour pouvoir faire le marathon entre 6 et 7 km/h et arriver quand même dans les temps.

Il n’y a plus de gels ni bananes aux ravitos…je tape alors dans les gels que j’avais mis sur ma ceinture…Et je prends en bidon d’eau fraiche pour pouvoir m’asperger dans la grande côte de San José vers l’aéroport.

La deuxième montée se passe mieux que la première pour moi, en revanche il a de plus en plus de dégâts… je reprends quelques vélos qui m’ont doublé, de plus en plus d’abandons. J’encourage tant que je peux les autres coureurs. A la descente j’essaye de compter le nombre de coureurs qui montent…il y en a trop ! Moi qui ai l’habitude d’arriver dernière ou presque à la dernière transition !

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J’arrive à la T2 à 16h45 avec 15 minutes d’avance sur mon pronostic. Le sac T2 de Stéphane n’est plus là : il a donc quitté la course et rangé ses affaires. Je prends 15 minutes pour sécher les pieds tous fripés par les « Ice bucket » , refaire l’élasto qui s’est barré, mettre les genouillères articulées, changer les verres de lunettes (il fera bientôt nuit ici !) , reprendre du doliprane, me ravitailler.

CAP :

Je commence à courir avant 17 h. c’est bon pour le moral ! Les jambes fonctionnent. Je sens mon pied droit mais cela ne me gène pas. Je m’étais fais à l’idée d’avoir mal et j’arrive à ne pas y penser. J’essaye de m’appliquer, rythme, geste….Je suis contente. Si j’arrive à garder un rythme au dessus de 6km/h j’ai de la marge pour finir dans les temps. Et si je fais mieux, j’ai plus de marge. Il faut donc surtout rester en forme et  éviter les problèmes (chutes, coup de pompe, crampes).

Au début je cours entre 8 et 9 km/h. Je croise Stéphane qui m’attend , en pleine forme , tout propre. Je m’hydrate et mange méthodiquement, et pense aux sachets de sels et caféine pour éviter le coup de pompe. Le parcours consiste en 3 boucles de 14 km. Une partie en ville pres du centre et des restaurants, puis un pont assez long et une marina ou les routes sont surtout en terre battue. Là c’est un peu la cata…le parcours biscornu est mal ou pas éclairé. Je stresse. Avec ma vue de myope et mes lunettes déjà sales j’y vois mal à la nuit tombante. Les deux prochains tours se feront dans la nuit noire. Quand je retrouve Stéphane je lui fais part du problème.. il ne trouvera pas de frontale, le seul accessoire qu’il manque à ma super panoplie. L’obscurité plus la fatigue et les douleurs cela fait beaucoup, même si je suis motivée et concentrée, dans les temps. Finalement Stéphane va faire la plus grande partie des deux boucles suivantes avec moi pour me montrer le chemin surtout dans la partie « glauque ». Au deuxième passage, une partie du circuit de la marina a été allumée. Il y a quand même de moins en moins de coureurs sur le circuit. Les bénévoles tournent en VTT et scooter pour compenser les défaillance de l’organisation et accompagner les coureurs. Stéphane parle inlassablement. Ma vitesse chute progressivement les douleurs pieds et jambes deviennent plus fortes. J’ai du sable dans les chaussures… Je commence à avoir froid. J’ai encore de la marge mais il ne faut pas que ça dégénère. A la fin de la deuzième boucle, au 25ème  km je passe en mode marche rapide…du moins aussi rapide que ma CAP ! C’est bon pour le moral car cela suffit pour mon objectif. Je me sens progressivement moins fatiguée, moins froid, l’énergie revient. Les spectateurs sont toujours là, toujours enthousiastes à la vue de ma tenue Mexico. Je leurs dis qu’il faut qu’ils essayent aussi à leur tour. Je maintiens la moyenne à 6.2 jusqu’au bout.

L’arrivée :

Peu avant la fin de la troisième boucle , Stéphane prend un raccourci pour aller m’attendre sur la ligne d’arrivée.

500 mètres avant l’arrivée je me remets à courir (pour frimer, ça fait plus sportif !) même si je ne vais pas plus vite, je me régale de passer cette ligne d’arrivée (16h19) plutôt en forme

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et, oh ! surprise, les organisateurs ont demandé à Stéphane de m’accrocher la médaille (bisous, larmes et rires).

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On zappe la zone de récup et on va chercher le vélo (l’hôtel est  à environ 2km de l’arrivée, le parc à vélo au milieu). On rentre en marchant tout doucement dans la douceur de la nuit. Fatigués mais contents, en discutant. Sur 345 partants 268 sont arrivés dans le délai (je suis 263ème) , j’admire le courage du nombre de coureurs qui luttaient encore derrière moi sur la dernière boucle de CAP et qui seront arrivés hors délai.

Arrivés à l’hôtel j’ai l’impression de marcher dans un bateau qui tangue…cela finira en perte de connaissance dans la douche…et autres dérangements gastriques, histoire de faire un peu plus d’émotions à Stéphane. Bien chouchoutée, je m’endors comme un bébé au milieu des oreillers.

Conclusion :

Finalement j’y suis arrivée !

La préparation, l’affection et le soutien des proches et des inconnus, la joie, la détermination, la concentration, la chance, tout était là pour moi ce jour-là. Merci la vie !

Cette aventure me confirme ce que parfois on oublie…les rêves se réalisent mais pas avec une baguette magique…plutôt en besognant joyeusement…

¡Y colorin colorado, este cuento se ha acabado!

Maryvonne "